
Épisode 3 : La première fois que j’ai bust sur un bluff trop ambitieux (aka le moment où j’ai tenté de représenter ce que je n’avais pas compris)
Share
Bon.
Il faut bien en parler un jour.
Parce que dans ce blog, je t’ai déjà raconté mon tout premier tournoi live, ma montée en puissance un peu agressive, et le joli ticket de mes débuts… Mais il faut aussi que je te parle de l’autre côté du tapis.
Celui où tu te crois maligne, où tu t’embarques dans un plan tordu, et où tu busts comme une fleur en pensant :
“Mais pourquoi j’ai fait ça ??”
Le décor : une table, des jetons… et une confiance en moi légèrement mal placée
C’était un tournoi sympa, pas énorme mais bien structuré. J’avais un stack correct, pas fou mais suffisant pour bouger un peu.
Et là, j’ouvre 7♣9♣ au cut-off. (Oui, bon, on a dit pas de jugement.)
Le flop arrive :
A♦ K♥ 4♠
Rien. Nada.
Mais je sens que ça va passer.
(À ce moment-là, je suis à fond dans ma lecture du jeu, tu vois. Celle qui ressemble à une hallucination positive.)
Check jusqu’à moi.
Je c-bet.
Un seul joueur me call, un mec solide, genre profil "je parle pas, je tank même pour folder".
Turn : 2♠
Toujours rien.
Je barrel à nouveau. Je représente la dame, un As… enfin bref, je représente quelque chose. J’espère.
Il call. Encore.
Et là, mon cerveau switch en mode “Tu es une guerrière. Ce coup est à TOI.”
La river ? Q♦
Toujours rien, bien sûr.
Et là… je shove.
Oui. Tout mon stack.
Avec 7-9 suités.
Rien. Même pas une backdoor. Même pas un bluff crédible, en vrai.
Il tank. Longtemps.
Puis il me regarde… et il call.
Avec As-10.
Je suis bust.
Je me lève.
Et dans ma tête, je me dis :
“T’as voulu jouer la pro. Mais t’étais juste en train de faire n’importe quoi.”
Ce que j’ai appris ce jour-là
- Que bluffer pour bluffer, ça ne marche qu’en film.
- Que parfois, représenter une range qu’on ne comprend pas bien, ça se voit comme un nez rouge au milieu d’un gala.
- Que le mental, c’est aussi savoir lâcher une main… et pas vouloir gagner coûte que coûte.
- Et que tous les joueurs passent par là. Même ceux qui te regardent comme si tu venais de découvrir les cartes.
Je suis rentrée un peu vexée (OK, très vexée).
Mais le lendemain, j’ai relu la main. J’ai regardé mes sizing. J’ai compris. Et j’ai progressé.
Parce que c’est ça aussi, le poker.
Un jeu d’essais, d’erreurs, de gros plantages… et de petits clics qui font grandir.
Alors oui, j’ai bust sur un bluff ridicule.
Mais j’ai aussi gagné un peu plus de lucidité, ce jour-là.
Et ça, ça vaut bien un 7♣9♣ mal joué.
🎲
Alexandra
(et désormais un peu plus sélective sur ses bluffs… enfin j’essaie)