
Episode 1 : Pourquoi j’ai monté une asso de poker féminin (et non, ce n’est pas pour distribuer des cupcakes à table)
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On va commencer simple : j’ai toujours aimé jouer. Petite, je collectionnais les jeux de société comme d'autres les toupies Beyblade. Mon terrain de jeu, c’était la table du salon. J’ai grandi avec cette soif de défi, de stratégie, et de bluff (même si à l’époque, c’était surtout pour piquer les bonbons de mon frère).
Et puis un jour, il y a plus de 15 ans, un pote a posé un tapis vert sur la table un dimanche. Le début d’une longue histoire d’amour avec le poker. Des soirées endiablées entre amis, où je suis passée de “j’ai quoi avec deux paires ?” à “tu crois vraiment pouvoir me 3-bet là-dessus ?”
Merci Karine !
C’est grâce à Karine Nogueira, pionnière du poker féminin avec Queen of Poker, que j’ai franchi un cap. Elle m’a ouvert la porte des cercles. Et là… contre toute attente, je perfais pas mal, dis donc ! J’étais plutôt agressive, j’avais peur de rien, et la naïveté de mes débuts me donnait des ailes.
J’ai remporté plusieurs tickets satellite qui m’ont permis de jouer des tournois de 150 € à plus de 1 000 €. Des tournois que je n’aurais jamais pu me payer à l’époque. Mettre 200 € dans un event me paraissait déjà dingue (bon… ça me paraît encore un peu dingue, soyons honnêtes).
Et puis… plus rien
Les années passent, et ce qui faisait vibrer le cœur des joueuses s’est un peu éteint.
Les tournois féminins se sont raréfiés. Alors oui, je ne suis pas spécialement pro "ladies only", mais il faut avouer que c’était quand même la belle époque : des buy-ins abordables, une vraie ambiance, de la solidarité… et surtout, des visages féminins à table.
Aujourd’hui ? Tu arrives dans une salle de poker live, et t’as beau aimer le jeu… être parmi les seules femmes sur 100 mecs, c’est franchement pas toujours simple à vivre. Même quand t’as de l’expérience, ça peut te déstabiliser. Tu sens les regards. Tu sens les jugements. Tu sens… que tu dois prouver.
Ce qu’on ne dit pas assez : les barrières invisibles (mais bien réelles)
Si les femmes sont encore trop peu présentes en live, ce n’est pas parce qu’elles n’aiment pas jouer ou qu’elles ne savent pas jouer.
C’est parce que tout est plus compliqué pour elles :
- Barrières culturelles : Une salle remplie d’hommes, une ambiance pas toujours inclusive, des stéréotypes bien accrochés.
- Barrières mentales : Quand tu dois gérer ta vie pro, perso, et familiale… tu fais comment pour te libérer 3 jours pour un tournoi à 500 km ?
- Manque de modèles : Trop peu de visages féminins mis en avant. Dur de se projeter quand tu ne vois personne qui te ressemble.
Et pourtant… sur plus de 11 % joueuses actives en ligne moins de 5 % jouent en live.
Alors un jour, j’ai arrêté d’attendre. Et j’ai fait.
Ça faisait un bon moment que j’avais l’idée en tête. Un an au moins.
En novembre 2024, j’ai lancé une page Facebook pour réunir les joueuses. En deux jours : près de 200 adhérentes ! J’ai compris qu’on n’était pas seules.
Avec deux copines, on s’est regardées et on s’est dit : “Allez, on y va.”
Et en février 2025, on a fondé l’asso French Poker Ladies & Co.
Aujourd’hui, on est :
- plus de 400 dans la communauté,
- 35 adhérentes privilèges,
- un championnat online avec 5 000 € de dotations PMU Poker
- et surtout : un véritable espace pour progresser, kiffer, et jouer sans pression.
Pourquoi je raconte tout ça ?
Parce que le poker n’est pas qu’une affaire d’homme.
Parce qu’il est temps qu’on change la donne.
Et parce que je veux créer une dynamique où chaque femme qui aime ce jeu, qu’elle débute ou pas, puisse trouver sa place.
Ce blog, ce sera ma petite chronique d’une joueuse amatrice (mais passionnée) : mes mains ratées, mes petits craquages de tilt, mes coups de bluff (parfois ratés), mes galères de logistique, mes rires, mes doutes, et ma joie de voir cette communauté de joueuses grandir.
Alexandra
Présidente de FPL&Co / Team Blackmamba